Notre histoire depuis 2015

En août 2015, des milliers de demandeurs d’asile affluaient en Europe et en Belgique, souvent depuis la Syrie, l’Afghanistan et l’Irak. A Bruxelles, beaucoup se sont retrouvés au parc Maximilien, à côté de l’Office des étrangers d’alors. Des habitants répondent dans l’urgence face à l’arrivée de ces personnes en apportant couvertures et nourriture et en logeant chez eux, au chaud et au sec, des familles avec enfants. 

En décembre 2015, dans ce même élan de solidarité citoyenne, le collectif citoyen “les Cuistots solidaires”, une simple bande d’une vingtaine d’amis, voit le jour.. Face à l’inaction des instances publiques, les Cuistots solidaires et une multiplicité de groupes citoyens décident d’agir et de dire “Refugees, Welcome”. En proclamant qu’il fallait accueillir ceux qui fuyaient la violence, la guerre et la misère. De nombreux courageux exilés, qui avaient souvent connu un long calvaire avant d’arriver en Belgique. 

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Début 2016, la Plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés nous propose un rôle précis, de servir des petits-déjeuners tôt le matin, en rue, à ceux qui attendent devant l’Office des Etrangers, pour enregistrer leur demande d’asile. De quoi permettre aux équipes juridiques de la Plateforme de proposer leur aide au détour d’un café chaud. Allier le soutien humanitaire ponctuel à un accompagnement plus durable. Et depuis, à force de nous confronter, au quotidien, aux difficultés des exilés, migrants et réfugiés, nous avons multiplié nos actions : très vite, nous commençons à collecter dans nos réseaux des vêtements chauds, des couvertures, etc. Puis, nous choisissons d’être également présents le soir, deux fois par semaine, au parc Maximilien, avec des soupes. Ou encore, nous servons pendant longtemps des petits-déjeuners le week-end au centre d’hébergement de la Porte d’Ulysse, où plus de 300 migrants pouvaient dormir au chaud. Bien plus tard, sous « l’ère covid », en mars 2020, nous rejoindrons les autres associations actives en rue autour de la gare du nord pour des distributions coordonnées par la Croix-Rouge d’abord encore en rue, au quai des Péniches, puis à partir d’octobre 2020 bien au chaud,au Centre « Bayti », ou PSA, qui deviendra la partie distribution alimentaire-centre de jour du Hub humanitaire d’aujourd’hui.  Même si ⅔ de nos repas sont destinés désormais au Hub, nous maintenons des activités autonomes, que ce soit à la Casa Tamam, hébergement 100% citoyen pour 250 exilés à Molenbeek, pour laquelle nous préparons et distribuons un repas par semaine, ou en rue, devant l’Office des étrangers, chaque mercredi et jeudi matin, où les petits-déjeuners de nos débuts restent tristement indispensables.

Depuis 2021, nos activités de « cuistots » certes mobilisent encore la grande majorité de nos forces vives, mais celles « solidaires » hors cuisine ont progressivement pris une place indéniable, jusqu’à modifier même notre ADN : nous ne faisons pas que cuisiner, nous finançons l’achat de « kits de survie » en hiver (chaussures, sacs de couchage, anoraks…) et surtout nous décidons de mettre à l’abri, en hôtel, en urgence, d’abord les hommes seuls par grand froid, puis familles et enfants, voire bébés, lorsque l’Etat belge faillit dans son devoir d’accueil des exilés.

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Aux Cuistots solidaires, il y a du travail pour tout le monde: pas de chef, mais des coordinateurs, des groupes en partielle autonomie et constante concertation, mais surtout une équipe joyeuse et motivée.

Servir des petits déjeuners chauds, pour des centaines de personnes, en rue et sans la moindre infrastructure, exige un haut degré d’organisation, mais aussi une spontanéité et une inventivité de chaque instant. On a démarré, dans l’urgence, avec de grandes casseroles d’eau froide chauffées sur une bombonne de gaz dans l’abri bus le plus proche, puis nous décidons d’acheter des dizaines de thermos que plusieurs bénévoles remplissent d’eau bouillante la veille au soir à la maison. Nous avons démarché boulangeries et marchés pour obtenir leurs invendus. Il fallait aussi trouver des lieux de stockage, etc. Surtout, il nous a fallu très vite disposer d’un réseau de volontaires suffisant pour assumer les différentes tâches – de préparation, la veille –, de transport et de distribution, à l’aube, les mercredis et jeudis matin, en pleine nuit l’hiver, souvent avec une température en-dessous de zéro.

Pari réussi, grâce à un style de fonctionnement, et à une ambiance accueillante et permettant à chacun de trouver sa place. Aux Cuistots solidaires, Il y a du travail pour tout le monde. Malgré le passage des années, l’esprit reste le même. Pas de chef, mais des coordinateurs, des groupes en partielle autonomie et constante concertation, une équipe joyeuse et motivée, où nous sommes tous des bénévoles du terrain, du trésorier au bénévole occasionnel en passant par la présidente. Pas d’obligations mais un engagement adapté à chacun. Et la mayonnaise continue de prendre. Des retraités, des jeunes étudiants ou des chômeurs, des eurocrates expatriés ou des « vrais belges », des fonctionnaires, des employés du secteur privé ou du milieu associatif, des immigrés ou, bien sûr, des anciens demandeurs d’asile, se côtoient et travaillent en bonne entente. Autour du noyau des fondateurs, les Cuistots assidus, les occasionnels, les sympathisants, ceux qui partent et ceux qui arrivent. Tout le monde a sa place. Pour travailler ensemble et se rendre utiles, certes. Mais pour le plaisir, et pour s’amuser ensemble, aussi sans aucun doute. Car la solidarité, belle découverte également, ça forge des amitiés durables.